dimanche 24 septembre 2017

Retour des Correspondances de Manosque. Un vrai plaisir, comme toujours.

Quelques interventions, au hasard de mes pérégrinations d'une place à l'autre :
- un numéro de duettistes fort bien réglé entre Clément Bénech (Un amour d'espion) et François-Henri Désérable (Un certain M. Piekielny), qui leur aura surtout permis de nous faire visiter leur passé commun avec légèreté, humour, et une certaine complaisance narcissique un peu lassante à la longue.
- quelques envolées passionnées de Marie-Hélène Lafon (Nos vies), clairement sous l'influence de Vies minuscules de Pierre Michon.
- et puis... Grégoire Bouillier, revenu d'un long silence avec un pavé de près de 900 pages, Le Dossier M, tome 1.

Autant vous l'avouer d'emblée, je ne l'ai pas (encore) lu. Aussi n'en ferai-je ici ni critique ni résumé, vous renvoyant pour cela aux articles déjà nombreux que l'on peut trouver un peu partout.
C'est de son intervention que je souhaite vous dire un mot. Des quelques idées que j'ai attrapées au vol et qui n'ont pas fini de résonner en moi.
Et principalement celle-ci : il faut toujours contester ce qui fait consensus, car c'est dans la brèche ainsi créée qu'on peut avoir accès à soi-même, au-delà des codes sociaux et culturels intériorisés à notre insu. Ainsi, rien n'est plus appauvrissant que la mode : en formatant notre sensibilité, notre regard, elle nous empêche de questionner le monde avec notre propre pensée. Et nous prive de notre liberté.
Au passage, une ou deux petites piques bien réjouissantes sur l'emploi du verbe "gérer" à toutes les sauces.
Et ceci encore: le mot ne crée pas la chose, il la trahit. Le mot "tomate", par exemple, n'est que le mot "tomate", et pas la tomate elle-même. Cette réflexion sur le langage et sa distance au réel m'évoque celle de René Magritte lorsqu'il peint La Trahison des images : sous la pipe représentée pourtant avec grand réalisme, il écrit "Ceci n'est pas une pipe". Car cette pipe, on ne peut pas la fumer ; ce n'est qu'une image de pipe.

Une mention particulière pour Laurent Poitrenaux, dont la lecture époustouflante d'extraits du Dossier M m'a subjuguée. A coup sûr, un nom à retenir.